samedi 26 novembre 2011

Un peu de lecture ?

Brasseries artisanales de Suisse romande est sorti le mois dernier, avec une introduction de la main de votre serviteur. Et le glossaire itou, à ceci près que ce n'est pas forcément très clair en lisant le livre...

(Petit aparté: merci à la chroniqueuse du Temps, qui a manifestement apprécié mes contributions mais pas mentionné - ou pas remarqué - mon nom dans son article du 23 novembre dernier...)

La grande qualité de l'ouvrage, outre le fait même d'exister, est sa mise en page attrayante, richement illustrée, qui permet entre autres de mettre des visages sur cette renaissance brassicole romande.
Donc c'est un livre qui a une chance de toucher un large public qui pourrait ne pas avoir fait l'effort de chercher des sources en ligne telles que The Ultimate Switzerland Beer Guide de mon ami Philippe "Bov" Corbat, ou qui pourraient être rebutés par son usage de l'anglais et par la mise en page éminemment spartiate de son guide. *
Par ailleurs tout le monde ne se balade pas - encore ? - le nez dans son smartphone ou sa tablette, connecté en permanence au Grand Cyberfoutoir Planétaire... D'ailleurs - rappelerai-je perfidement en bon bibliothécaire-documentaliste - un livre sur papier n'est pas à la merci d'une panne d'accumulateur ou d'un trou dans la couverture réseau de votre opérateur !

Vous remarquerez en passant que la couverture de l'ouvrage omet le terme "guide". Et effectivement ce n'est pas un guide, mais un répertoire illustré. Le parti pris de l'éditeur et de l'auteur était de ne pas trier, ne pas recommander l'un plutôt que l'autre, et ne pas exercer de critique en termes de qualité des produits ou de petits arrangements avec la réalité.

Soit. C'est un choix que je respecte.
Sans quoi je n'aurais d'ailleurs pas accepté de contribuer (et d'être payé pour ce fait).

Bref, le rôle de mon introduction, dans ce contexte, était de fournir des clés de lecture, un cadre de référence permettant ensuite aux lectrices et lecteurs de se faire une opinion. Ce que j'ai fait, et je ne saurais trop vous en recommander la lecture si vous cherchez à comprendre ce qui se passe en termes brassicole en Suisse Romande.

A ceci près que la version publiée est amputée de deux paragraphes significatifs. Retirés sur insistance de l'auteur, apparemment soucieux de froisser quelques susceptibilités, vu que - et bien que j'aie pesé chaque mot - les cas cités sont relativement précis. Point de vue que je peux comprendre, même si je ne l'approuve évidemment pas.

Je précise ici que j'ai moi-même proposé le retrait de ces paragraphes, vu qu'ils posaient problème et que je refusais l'idée d'une ré-écriture. Néanmoins, il me semble utile de les diffuser ici, justement à des fins d'information indépendante et critique.

Donc, si vous l'avez déjà, quand vous arriverez au bas de la page 13, insèrez ceci :
En outre, tout ce qui ressemble à une micro-brasserie ou à une bière produite localement ne l’est pas forcément. Vous trouverez par exemple dans ces pages les 4 succursales d’une chaîne de brewpubs remarquablement uniformisés par leur cadre, leurs bières et même la nourriture qui y est servie. Cette chaîne est l’adaptation à la Suisse romande d’une franchise développée à l’origine en France : à ce stade-là d’uniformisation, s’appeler artisanat devient un terrain très glissant...
Côté bières de production locale qui n’en sont pas, vous ne devriez pas trouver dans ces pages de bières d’étiquette telles que la gamme Calvinus, qui s’intitule « bière de Genève » mais n’en n’est pas moins produite à façon par la brasserie Locher à Appenzell, détail qui ne figure bien sûr pas sur l’étiquette ! Par contre, on a vu, au cours des années, un certain nombre de cas de micro-brasseries ou de brewpubs produisant bel et bien leur bière pression sur place, mais faisant produire leurs bières en bouteille ailleurs. L’extrême est atteint par une brasserie de la région lausannoise qui fait produire ses bières bouteille... au Québec ! La chose est heureusement clairement annoncée sur l’étiquette, mais cela n’empêche apparemment pas certains cafetiers peu attentifs de la vendre comme une bière de micro-brasserie de production locale.



Je ne saurais donc trop exhorter les lecteurs et lectrices de cet ouvrage à faire preuve d’un minimum de vigilance, et à se manifester, fermement mais poliment, quand ils et elles constatent ce genre de petits arrangements avec la réalité.

Voilà.

Si vous ne l'avez pas encore, maintenant que vous avez lu ce qui en a été retiré, plus d'excuse: achetez-le, et lisez le reste ! ;o)

Et après ? Faites-en bon usage, soutenez les brasseries près de chez vous en goûtant leurs bières. Si vous devez être critiques, soyez constructifs. Et polis.

Santé !

*oui, celui-ci est un guide, en plus d'être un répertoire, vu que Philippe n'a pas peur de donner des avis, parfois fort critiques.


PS: Warf, j'aurais dû me méfier: Calvinus ont été inclus.


PPS : Si vous voulez un bon contre-exemple de guide brassicole en français, qui sache ne pas prendre de gants quand la bière est calamiteuse, et par ailleurs récemment récompensé, je recommande chaudement La Route des grands crus de la bière: Québec et Nouvelle-Angleterre de Martin Thibault et David Lévesque Gendron 

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