mercredi 14 octobre 2009

Mondial de la bière, Strasbourg


Dix ans après la dernière édition d'Eurobière, Strasbourg verra à partir de ce vendredi la première édition du Mondial de la Bière en Europe (l'original ayant lieu à Montréal), au Parc des Expositions de Wacken (comme Eurobière).

C'est clairement une bonne chose que ce genre de manifestation grand public existe à nouveau quelque part en France, ne serait-ce que pour élargir un petit peu les horizons des amateurs français...

Il y a eu quelques lamentations du côté des brasseurs alsaciens, si l'on en croit L'Alsace, qui n'ont pas pu mettre en place un stand commun, Heineken France et Carlsberg France (Kronenbourg) ayant décliné l'invitation.
Bon, euh, là, c'est pas pour dire, mais ça peut pas faire de mal à l'image de la bière alsacienne d'être représentée sans les deux gros de service, sans leur sirop de glucose, leur caramel colorant et leurs antioxydants (regardez un peu la composition sur une boîte de 1664, pour voir...), sans leurs bières aromatisées aux concepts douteux, et surtout sans leur force de frappe côté marketing.
Peut-être que du coup Gérârd et Frônck qui roulent uniquement à la Kro vont essayer autre chose. On peut rêver...

Mais Gérârd et Frônck risquent d'être déçus s'ils veulent se péter le groin : les dégustations ne font que 12,5 cl. Bon, le verre peut en contenir deux, soit 25 cl...
Là, on a un signe clair, un appel à une consommation modérée, repris de l'usage du Mondial à Montréal (dégustations de 4 onces), et c'est une très bonne chose !
Un appel à la modération qui vise aussi le porte-monnaie: 6 Euros pour l'entrée, puis 7 euros pour un carnet de dix coupons, les dégustations de 12,5 cl coûtant de deux à cinq coupons, soit, pour 25 cl, entre 2.80 et 7 Euros.
Pour un Suisse qui a connu les tarifs des bars norvégiens (de 17 à 21 francs suisses pour une bouteille de 500ml de bière de micros locale), pas de quoi sourciller, mais je crains que ça ne douche passablement les consommateurs français, et, plus encore, allemands, moins habitués à ce genre de niveau de prix...

La liste des produits et exposants (téléchargeable ici), avec 400 bières, et très honorable pour une première édition. La représentation solide des micros étasuniennes, québécoises, japonaises et italiennes, par exemple, au milieu des françaises, des allemandes et des belges, est une bonne surprise.

Par contre, il y a des lacunes ailleurs.
Par exemple côté scandinave, une région que l'on sait devenue très riche en bières de caractère au cours des 10 dernières années, il n'y a que trois micros suédoises présentes. Un bon début, sans plus.
Côté britannique, à part un stand avec all the usual suspects comme Youngs & Wells, Wychwood, Black Sheep ou Batemans, rien de tellement inédit sur le continent, et peu de bières qui fassent vraiment justice aux forces des brasseurs britanniques côté bières de caractère peu alcoolisées... si l'on excepte la XXXB de Batemans, aussi corpulente et complexe qu'ne ambrée belge à 7,5%, mais avec un misérable 4,8% d'alcool, et une amertume décente en plus !...

Ah, et y'a pas de brasserie ou micros suisses non plus...
J'ai eu quelques infos sur l'arrangement prévu d'un des brasseurs qui a été en contact avec eux, et on comprendra un peu mieux pourquoi. Les stands étant trop chers pour une micro seule, la plupart devraient passer leurs bières dans un bar général. Et là, l'arrangement est :
- soit la brasserie donne la bière, paie 100 euros de frais et les organisateurs prennent en charge transport et taxes douanières.
- soit la brasserie facture les bières, et paie 250 Euros de frais, plus le transport et les douanes.
L'un dans l'autre, les quantités concernées étant relativement faibles, l'investissement n'est pas rentable par rapport aux retombées qu'il y a à en attendre, du moins pour un brasseur en activité principale, qui tente d'en vivre.
Donc aux dernières nouvelles, pas de micro-brasseries suisses à Strasbourg. Et les raisons de l'absence des micros britanniques sont certainement semblables.

2 commentaires:

Rémi a dit…

Je débarque un peu après la bagarre vu que je suis pas venu ici depuis quelques jours, mais deux remarques quand même :

D'une part, je dois dire que je n'ai absolument pas entendu parler de ce salon avant. Bon, je ne suis pas en France et j'avoue ne pas lire régulièrement les sites spécialisés et autres trucs de ce genre, mais je ne sais pas si c'est très bon signe. Est-ce que j'ai tout raté, ou est-ce que la campagne de pub n'a pas atteint les grands médias nationaux (les seuls que je feuillette vaguement et où j'aurais pu en entendre parler, en fait) ? Même une ou deux brèves feraient sans doute beaucoup en terme d'image.

L'autre point, c'est sur les bières britanniques, où tu sembles regretter qu'il n'y ait pas mieux que Youngs ou Wychwood. Là, je dois dire que face à un public français totalement ignorant de la bière anglaise, c'est à mon avis suffisant (à condition que ces brasseurs jouent le jeu et ramènent leurs vrais produits et pas des trucs "adaptés" au goût française). Des bières "quelconques" (enfin bon, je carbure à la Hobgoblin quand je ne trouve rien d'autre, c'est très honorable quand même) sont déjà une belle introduction à des choses différentes et d'un point de vue commercial/économique, je doute qu'il soit rentable pour l'organisation de faire le forcing pour avoir des petits trucs britanniques tant que le public n'y est pas un peu plus réceptif.

Je crois que nos palais sont trop habitués à ces bretonneries pour être objectifs : pas plus tard que ce week-end, quand un mien proche barbu (pourtant déjà sensibilisé) est venu, il a été frappé par des trucs locaux que je trouvais, disons "dans la norme", sans plus, et les deux-trois trucs qu'il m'a ramené m'ont permis de me rappeler à quel point même les choses françaises qui semblent "de style britannique" en sont loin...

Mais bon, l'un dans l'autre, y'a une cousine à Strasbourg qui risque de me voir passer l'an prochain, ça a l'air de valoir le coup !

Laurent Mousson a dit…

ça fait bien 9 mois qu'il était annoncé.
J'ai une alerte Google news sur le mot-clé "bière" et c'est vrai que j'ai surtout vu des échos dans les médias Alsaciens, pas grand-chose dans les médias nationaux français.

Ma remarque concernant les bières britanniques tenait plus à une gamme réduite (par rapport à ce qui était offert côté étasunien, canadien ou italien) qu'à la qualité de ce qui était offert: y'avait par exemple de la Fullers 1845 ou la stout de St Peters...

AAAAArgh, les barbus à Strasbourg, ça va tuer... maintenant que le Schtroumpf Brasseur porte aussi la barbe, on va pouvoir fonder un club !