mercredi 23 décembre 2009

Débarquement étasunien en Europe ?


L'excellent journaliste brassicole britannique Pete Brown a lâché un joli scoop il y a quelques heures sur son blog, qu'il me semble intéressant de répercuter en français : il y aurait une brasserie étasunienne - et pas du genre pourvoyeuse d'eau gazeuse alcoolisée - qui envisagerait une possible implantation en Europe.

Stone Brewing Co. est une des micro-brasseries californiennes les plus en vue, fondée en 1996 à Escondido, au nord de San Diego. Enfin, micro-brasserie, faut voir: c'est le 28e producteur étasunien en termes de volume, donc c'est déjà un joli morceau, comptant environ 200 employés.
Brasserie en vue tant par leur logo montrant une gargouille (oui, comme sur les cathédrales gothiques...), leur marketing faisant un large usage de la provocation, par exemple dans le descriptif de leur Arrogant Bastard Ale - ils sont probablement une des inspirations principales des écossais de BrewDog à cet égard - que par leur réputation d'avoir la main lourde sur le houblon. Très lourde. Et de même pas en avoir honte.

Cette solide réputation signifie que les demandes d'exportation vers l'Europe sont en hausse régulière. Et que, par bon sens élémentaire, plutôt que d'expédier de la bière constituée à 85% ou plus d'eau à travers les Etats-Unis puis l'Atlantique, avec les problèmes liés de dépense énergétique et de fraîcheur, Stone Brewing vont prochainement activement tâter le terrain, à la recherche d'un contexte d'implantation favorable quelque part en Europe.
Il peut par exemple s'agir d'une brasserie (dans le sens "unité de production") à reprendre, ou d'un lieu où construire une brasserie, afin d'y produire leurs bières pour les marchés Européens. L'approche se veut manifestement très ouverte, et pourrait impliquer des partenaires européens, même si une simple production sous licence est exclue d'entrée (chose louable sur le plan de la transparence).
Les dirigeants de Stone Brewing, Greg Koch et Steve Wagner, expliquent plus en détail le genre de contacts qu'ils cherchent dans une vidéo visible ici.

Quelles perspectives est-ce que ça ouvre, potentiellement ?

Si la chose se fait, et où qu'elle se fasse en Europe, ce serait une première que de voir une des brasseries indépendantes étasuniennes de la "nouvelle" génération passer l'Atlantique dans le but d'y établir une base de production permanente. Cela fait un bout de temps que des maîtres brasseurs étasuniens sévissent par exemple en Italie ou au Danemark, mais là, c'est une autre dimension.
Et si la mayonnaise devait prendre, vu le caractère marqué des produits qui seraient alors disponibles en quantité et les techniques de vente parfaitement rodées, Stone Brewing pourrait provoquer quelques remises en question dans le secteur.
Pour le meilleur si l'on considère certains marchés ou la profession ronronne en circuit fermé en se regardant le nombril, certaine de la supériorité de ses produits.
Mais dans d'autres régions , ce pourrait être pour le pire: une pareille force de frappe pourrait faire de gros dégâts parmi les micro-brasseries indigènes et appauvrir notoirement la bièrodiversité locale.
A moins que, à l'opposé, cela ait un effet dynamisant sur ces dernières en leur permettant de passer l'épaule dans son sillage...
Probablement un peu de tout ça, en fait.

1 commentaire:

pascal a dit…

Héhé c'est intéressant mais ... a priori mort pour nous les Français :-((
Ce sera pour une prochaine fois.